8 mars, journée de la femme – 1

journée de la femme, dessin de Jérôme Lefranc

En cette journée de la femme, je ne résiste pas à donner un petit extrait de l’étude qui a été faite sur la disparition des filles des concours scientifiques…

La socialisation de sexe existe encore, malgré tous les mouvements féministes. Les femmes, soumises, dociles aux impératifs scolaires réussissaient mieux jusqu’au bac. Puis, plouf, patatras, dans le système concurrentiel et agressif des concours aux grandes écoles, qui s’apparente plus à un parcours du combattant, les femmes renonçent au lieu de risquer de s’écrouler face aux hommes. Le salut par la fuite.

Les filières mathématiques et physiques sont surtout convoitées pour les perspectives de positions dominantes qu’elles autorisent ultérieurement. Les filles, en tant que futures dominées, ne peuvent y prétendre si facilement. Ayant intériorisé la place qui leur revient dans la société, elles s’écartent d’elles-mêmes de ces voies. Les sciences dures ne conviennent pas à la féminité ! Les Ulmiens appelaient les Sévriennes scientifiques les « grosses mollardes », pour préciser qu’elles avaient de gros mollets et qu’elles étaient polardes et asexuées. Pourtant beaucoup de celles que j’ai côtoyées étaient plutôt belles et féminines.

Choisir une filière scientifique, pour une jeune fille, signifie ne plus être identifiée à l’image de la femme telle qu’on l’attend, ne plus se diriger vers les carrières féminines traditionnelles.

Tant qu’elle reste minoritaire, la présence des filles dans les filières scientifiques ne perturbe pas la reproduction de la domination. Les mâles considèrent comme exceptions qui confirment la règle ces « usurpatrices transgressant deux principes essentiels de la société : celui de la hiérarchie des sexes et celui de la division sociale du travail entre eux ». Mais le concours commun a obligé les garçons à reconnaître la qualité des filles reçues, contrairement au passé, où les Sévriennes étaient quelque peu méprisées par les Ulmiens.

Non il n’existe pas une supériorité naturelle des garçons dans le domaine des mathématiques, certaines filles y sont brillantes et leur petit nombre augmente leur visibilité.

Les familles n’aident pas. Même dans les plus éduquées et les plus ouvertes, les filles doivent choisir un avenir professionnel compatible avec la perspective d’une vie familiale.

La structure de la mixité s’exprime dans l’espace hiérarchisé démodé des disciplines, hérité d’Auguste Comte, où le prestige accordé aux mathématiques s’allie à la moindre reconnaissance concédée à la biologie… Une normalienne scientifique sur deux est biologiste, par choix direct d’une math sup bio et non, comme dans le cas des garçons, par stratégie de repli lorsqu’ils n’ont pas été pris en math spé math-physique.

Ne pas suivre le chemin tracé par les hommes c’est aussi une stratégie de résistance à la domination masculine. Le pouvoir n’est peut-être pas là où on l’attend. L’ambition au féminin de se réaliser et de faire ce qu’on aime donne plus d’armes pour réussir que de camper sur une position de concurrence.

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